Sabtu, 27 Oktober 2018

En Indonésie, les mariages interconfessionnels sont difficiles, mais pas impossibles



LE MATIN 11 février 2013



Le nouveau film des réalisateurs indonésiens Hanung Bramantyo et Hestu Saputra, qui relate l’histoire d’un couple interconfessionnel, a suscité beaucoup de réactions ces derniers mois. Bien que ce ne soit pas le premier film indonésien qui aborde ce sujet, «Cinta Tapi Beda» (Aimant mais différent) et la question du mariage interconfessionnel ont fait l’objet de nombreux débats, compte tenu des critiques formulées à son encontre.

Le film, adapté d’un blog rédigé par l’auteur indonésien Dwitasari, relate l’histoire d’amour entre une catholique de Padang, dans la partie occidentale de Sumatra, et un musulman de Yogyakarta, dans la partie centrale de Java. La famille de la jeune femme s’oppose à la relation, ce qui contraint les deux jeunes gens à prendre des décisions difficiles et souligne les problèmes que rencontrent beaucoup de couples issus de milieux différents en Indonésie.

Les critiques formulées à l’encontre du film proviennent d’un certain nombre de communautés Minangkabau, un groupe ethnique établi dans la partie occidentale de Sumatra qui constitue la plus grande société matrilinéaire au monde. Compte tenu de ses origines géographiques, la jeune femme, Diana, a été représentée comme issue des Minangkabau. Or des groupes tels que l’Association des jeunes Minang indonésiens et l’Organisme de coordination de la culture et la société Minangkabau à Jakarta ont déclaré que le film donnait une fausse image des Indonésiens Minangkabau, ces derniers étant majoritairement musulmans. Il est extrêmement rare en effet de rencontrer un Minangkabau chrétien.

Le réalisateur, Hanung Bramantyo, a déclaré que son intention n’était pas de représenter Diana comme une Minangkabau. «Le but est de montrer la diversité,» a-t-il précisé, ajoutant qu’il avait choisi Padang comme ville natale de la jeune femme parce qu’il souhaitait représenter la minorité non musulmane dans la capitale de Sumatra Ouest. Il a présenté ses excuses aux communautés Minangkabau qui ont pu être irritées par ce choix. Cette controverse n’a servi qu’à mettre davantage en évidence le thème principal du film : les relations interconfessionnelles en Indonésie.

Ces relations se heurtent souvent à des obstacles de taille au regard du Code civil qui ne prévoit pas le mariage civil. Le mariage n’étant reconnu que dans le cadre de cérémonies religieuses, il est difficile pour les couples interconfessionnels d’obtenir un contrat de mariage. En général, l’un des deux partenaires doit se convertir à la religion de l’autre afin que le mariage soit légalisé.

Deux seules exceptions à ce principe : Lorsque le couple peut se marier à l’étranger (les couples mixtes peuvent enregistrer leur mariage dans un pays étranger et recevoir le sceau de l’ambassade d’Indonésie dans le pays où ils ont célébré leur mariage) et lorsque l’homme est musulman et la femme ne l’est pas. Dans ce dernier cas, certaines organisations à but non lucratif, comme la Fondation Paramadina, aideront les couples à obtenir le certificat de mariage du Bureau des Affaires religieuses, ce type d’union étant autorisé par la jurisprudence islamique. Les autres films qui ont traité des relations interconfessionnelles ont été bien accueillis et sont appréciés des jeunes adultes en Indonésie. 

D’ailleurs, le film du réalisateur indonésien Sammaria Simanjuntak, sorti en 2009, Cin(T)a («Cina» signifie chinois et «cintra» signifie amour), qui parle de la relation amoureuse entre un Chinois chrétien – Batak (un groupe ethnique du nord de Sumatra) et une Javanaise musulmane, et le film du réalisateur indonésien Benni Setiawan, «3 Hati, 2 Dunia, 1 Cinta» (3 Cœurs, 2 Mondes, 1 Amour), sorti en 2010, sur la lutte d’un musulman et d’une catholique dont la relation n’est pas vue d’un bon œil par les familles respectives, ont à eux deux obtenu six récompenses lors du Festival du film indonésien.

Le succès remporté par ces films montre que le sujet fait écho auprès du public et que des histoires comme «Cinta Tapi Beda» sont en réalité bien accueillies par les cinéphiles indonésiens. Bien qu’il soit impossible de dire si ces films pourront à l’avenir influencer le droit indonésien, des couples interconfessionnels ont pu, dans la vraie vie, connaître un aboutissement heureux malgré les obstacles existants.

Source : Service de Presse de Common Ground (CGNews), 
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